Rayogrammes

Selon Man Ray le rayogramme est une « Photographie obtenue par simple interposition de l’objet entre le papier sensible et la source lumineuse. »

« Je vois un noir raté, qui n’en est pas vraiment un. Je vois un blanc qui n’est que le blanc du papier, laissé tel quel, inchangé. Je vois des formes dont je ne distingue pas les contours. Une forme essaie de se démarquer du reste de la composition. Une forme essaie d’exister. Un chemin se dessine et creuse un fossé au milieu de ce blanc immaculé du papier. Ce chemin est composé de métal. Non. D’une chaîne de lumière. On peut y distinguer des anneaux. Les maillons d’une chaîne, son ombre. Ce que je vois, c’est l’ombre d’un passage. La rencontre entre des objets qui ne devaient pas se rencontrer. Un objet cassé, difficile à reconnaître. Une histoire que l’on invente. Le parcours de notre regard suivant les lignes imaginaires que dessinent les ombres.

C’est ça mon regard court entre ces lignes et ces taches, ne comprenant pas vraiment de quoi elles sont faites. Je constitue ma propre réalité autour de ces photographies. Sont-elles des photographies ? J’y vois un récit fonctionnel, un parcours que je suis libre d’inventer à ma guise.

C’est facile de comprendre ce que l’on voit quand ce que l’on voit ne se résume qu’à un bout de papier marqué de formes. C’est un symbole, un chemin ou une tâche. Peut-être un texte aussi. Quelques mots qui ressortent et qui se mêlent à une forme que l’on ne reconnaît pas. Des gris, trop de gris, qui rendent le papier moins blanc et les noirs moins sombres. Comment savoir si une image est terminée ? Comment savoir si cette image est la bonne alors que l’on ne la voit pas quand on l’a produit ? Elle se révèle à nous. Nous ne savons pas vraiment ce qui va apparaître, ni comment cela peut apparaître. C’est chimique. Comme toute chose qui compose notre monde. Mais on se laisse porter. Une image me parle. Pourtant, elle ne communique rien. Mais elle me parle. Elle me raconte quelque chose. Comme une histoire à rallonge que n’importe qui peut poursuivre en donnant sa version. »

Utilisation de divers objets translucides (verres, loupes, flacons de parfum), divers liquides (eau, sodas), plantes séchées, sel, riz, terre, papier, mousse à raser, dentelle, et diverses sources de lumière, lampes torches, feu, écran de smartphone.

#3
Titre : Sans image ni soleil. La Bételgeuse
Auteur.e.s : Joseph Raingeard – Jihye Jung – Salomé Macé – Morgane Freire – Gabriel Grillot – Baptiste Tarlet – Julia Hancock – Xueqing Yu – Etienne Jeanne – Marius Fouquet
Direction éditoriale : Laura Brunellière
Texte : Laura Brunellière – Morgane Freire – Julia Hancock
Éditeur : TALM-éditions
Direction de la publication : Christian Morin
Nombre de pages : 144
Format : 18 x 24 cm
Parution : septembre 2022
ISBN : 979-10-95296-09-6
Prix : 15 €
Langue : français
Designer : Jean-Louis Chapuis studio Warmgrey
200 exemplaires

Lien vers l’édition